[Escalade] Ouvreur de voie SNE / Équipeur : un métier exigeant ! par Kévin Piesset

Équiper des voies en falaise ne s’improvise pas. Un métier d’autant plus exigeant qu’il engage la responsabilité de ceux qui en sont en charge en cas d’accident. Kévin Piesset, moniteur d’escalade et ambassadeur Approach Outdoor vous présente les formations qui existent et les réalités du métier sur le terrain.

ouvreur equipeur de voie un metier exigeant
ouvreur equipeur de voie un metier exigeant

Se former au métier

La Fédération Française de Montagne et d’Escalade propose une formation “Equipeur site sportif escalade”. Cette formation se déroule sur 5 jours avec un minimum de 25 heures passées sur le terrain. Au programme :

  • assurer sa sécurité et celle des autres notamment dans le cadre du travail en hauteur
  • préparer et équiper des voies d’escalade en site sportif
  • mettre en oeuvre les outils de traçabilité de l’équipement
  • réaliser la maintenance des équipements
  • aménager le site d’escalade dans le respect de l’environnement et du développement durable
  • intervenir dans le respect de la réglementation et des recommandations fédérales

Pour une formation plus complète, il est nécessaire de passer le diplôme de moniteur : le DEJEPS escalade / escalade en milieu naturel. Lors de cette formation qui dure plus d’un an, les futurs moniteurs vont aborder l’ensemble des techniques et méthodes d’équipement mais également la législation et la réglementation liée à l’ouverture et à l’entretien des sites d’escalade.

L’équipement des sites naturels : une question essentielle aujourd’hui

Il est beaucoup question actuellement de l’équipement des falaises suite à une prise de position de la FFME sur ce sujet et sur le conventionnement (accord entre propriétaires/fédération/club ou autre) des sites.

Le système Fédéral fonctionnait (ou ne dysfonctionnait pas) jusqu’à l’accident de Vingrau (2010), où la FFME s’est vu sommée, en 2016, d’indemniser à hauteur de 1,2 million d’euros les victimes (pourtant expertes dans le domaine de l’escalade) suite à la rupture – peu prévisible – d’une écaille. La FFME a alors pris conscience qu’elle ne pouvait pas assumer financièrement un tel risque, avec ses 100 000 licenciés pour 1 million de grimpeurs en France, dans un contexte de recherche croissante de responsabilité (souvent à l’initiative des assurances).

Pétition Appel des grimpeurs

Le travail des équipeurs sur le terrain

Voici deux témoignages d’équipeurs qui ont accepté de nous parler de leur métier.

Vincent Gourbière, équipeur et moniteur dans le Tarn

Une grosse majorité de mes heures d’équipement sont bénévoles, à l’image de ce qui se fait en France. Il faut savoir que sans le travail de ces passionnés, l’escalade sur site naturel n’aurait pas le même visage. En revanche, le matériel (broche, colles, perso, etc.) est fourni par le club gestionnaire des sites concernés. Les sites sont pour la plupart conventionnés. J’aime équiper des voies « faciles » ou je peux emmener mes groupes en encadrement, par exemple. Après, comme partout, il existe des sites plus ou moins secrets sans convention, on les équipe mais on en parle moins… En tout cas, c’est un enjeu pour l’avenir de nos sites et beaucoup de travail pour les fédérations. Ma démarche d’équipement est le plus souvent une initiative personnelle. Je repère une ligne ou un secteur qui me paraissent intéressants et je fais la demande. Parfois, c’est une collectivité ou un club qui est à l’origine du projet.

Nicolas Gay, équipeur et moniteur dans les calanques

Quand je travaillais au Bureau des Moniteurs des Calanques, j’étais payé pour équiper. En Corse, le club Corsica Roc m’a donné des points (ancrages à fixer dans la roche pour mettre la dégaine) gratuitement pour que j’équipe les falaises. Ça a été également le cas quand j’ai rééquipé des grandes voies avec le groupe espoir FFCAM, c’est le CAF (Club Alpin Français) qui a fourni les points. Sinon, je paie de ma poche. Les sites d’une longueur (couenne) sont conventionnés, je ne veux pas être mis en défaut. En revanche, sans convention, j’ouvre en grande voie du bas en style terrain d’aventure. À l’étranger également (par exemple, en 2018, au Chili et en Argentine) car les sites ne sont pas conventionnés. Cela n’existe pas réellement. J’équipe la plupart du temps les voies sur ma propre initiative, sauf s’il s’agit d’un club comme cela l’a été au début. Je fais cela pour le plaisir en pensant toujours à l’intérêt pour les autres grimpeurs et pour diversifier et compléter un site. J’ouvre du bas pour le coté aventure que cela apporte et aussi pour créer une voie cohérente car c’est parfois difficile de se rendre compte de ce que l’on crée en équipant en rappel.

Aujourd’hui, beaucoup de grimpeurs se mobilisent, notamment autour de pétition comme celle d’Antoine de Ville qui a recueilli plus de 14 000 signatures et d’associations telle que Greenspit qui  « regroupe les grimpeurs de tous horizons pour donner du poids à [cette] activité et préserver [les] sites naturels ! »

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